Culture et loisirs
La "belle histoire" de Keat Tunier
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Vendredi 17 septembre avait lieu à la médiathèque, le vernissage de l'exposition des photographies de Keat Tunier « Cambodge, J'ai une Belle histoire à vous raconter… ».
A cette occasion, le photographe a raconté son enfance bouleversée par la période Khmer rouge. Alors qu'il a à peine 10 ans, il est arraché à sa famille pour être emmené dans un camp militaire. Pendant 4 ans, il est déplacé d'un endroit à l'autre, contraint à défricher la forêt, travailler aux champs, surveiller la frontière, faire la cuisine... Il arrivera finalement à rejoindre un camp de la Croix-Rouge en Thaïlande.
Il ne se souvient alors que du prénom de ses parents et de ses frères et soeurs, ne connaît pas le nom de son village. Déclaré orphelin, on lui demande dans quel pays il souhaiterait aller. "J'ai répondu la France, car je pensais que toutes les écritures latines auxquelles je m'étais familiarisé dans le camp de la Croix-Rouge, à travers les logos du savon, les marques des véhicules, de la nourriture, étaient des écritures françaises " raconte avec humour Keat Tunier. "Je pensais donc que les Français avaient tout inventé !"
Arrivé en France à 12 ans, il est adopté par une famille avec laquelle il passera 8 ans d'une vie heureuse.
Après ses études, il éprouve le besoin de retrouver ses racines. Mais avec la seule image de la maison familiale dans un coin de sa tête, et le nom d'une ville située dans un périmètre de 40km de là, les choses n'ont pas été faciles.
C'est finalement en l'an 2000, après avoir récupéré des cartes détaillées qu'il sillonne la région avec les seuls prénoms de ses parents et frères et soeurs, ne sachant pas si certains avaient survécu... A force d'interroger les gens, il retrouve finalement les siens. Si deux de ses frères ont été victimes de la période des Khmers rouges (l'un tué, l'autre disparu), il a pu renouer des liens avec ses parents et ses trois soeurs dont il avait complètement oublié les visages. "C'était le plus beau voyage de ma vie. Depuis, j'ai deux familles et deux cultures à aimer et à partager"confie-t-il.
Devenu photographe, Keat Tunier retourne régulièrement au Cambodge, dont il a fait le sujet de l'exposition visible à la médiathèque.
« Faire une photo c'est avant tout pour moi capter et partager une émotion. C'est aussi pour moi un formidable outil de rencontre »explique-t-il.
Photo du chemin menant à la maison de Keat Tunier, faite à son retour du Cambodge. Elle représente le seul souvenir qu'il avait conservé de la maison familiale.
Après ce témoignage émouvant, la parole a été donnée à Bruno Pralus (photo ci-dessous), qui avec ses deux frères a créé l'association "Les amis du pays Khmer", qui aide à apporter l'eau potable dans les écoles, à en construire des établissements scolaires, ou encore fournir moustiquaires, médicaments ou graines stériles aux villageois du Nord-Ouest du Cambodge.
Le public, venu nombreux, a ensuite pu échanger avec les membres de l'association, le photographe et également avec Jacques Beaulieu, consul du Cambodge présent à l'occasion de cette soirée.
Plus de 50 personnes étaient présentes, accueillies par Dorothée Bellette Rouault, conseillère municipale membre de la commission Culture.
Exposition à voir à la Médiathèque jusqu'au 28 septembre.