Développement durable

Inventaire participatif au bois de Serres, ou les richesses d’un monde entre forêt et prairie

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Par une belle matinée d’automne, le 22 octobre, petits et grands se sont rejoints pour se promener dans le bois de Serres à la rencontre de ses habitants, qui furent nombreux à croiser notre chemin.

Première surprise à peine partis, un gros coléoptère, et pas n’importe lequel : Carabus coriaceus, le plus gros carabe de France ! Les coléoptères regroupent tous les insectes à ailes rigides, comme les coccinelles ou les bousiers. Cette protection est si efficace que les coléoptères comptent 20 000 espèces en France. Parmi eux, les carabes sont une famille difficile à observer : dépourvus d’ailes, ils sont souvent nocturnes, et fait peu commun chez les insectes, carnivores. Hissés sur leurs hautes pattes, ils parcourent la nuit à la recherche d’escargots, chenilles et vers de terre qui satisferaient leur vorace appétit. Et si d’aventure, vous étiez tentés de les pourchasser, gare ! Les carabes sont capables d’éjecter de puissants jets d’acide formique. Heureusement, vous êtes trop gros pour être leur proie. Autrement, vous pourriez aussi être recouvert de sucs digestifs qui liquéfieraient vos tissus, que notre carabe pourrait alors goulument aspirer.

La balade s’étant déroulée de jour et le carabe étant déjà mort, aucun dégât n’a été à déplorer (l’acide n’est d’ailleurs que désagréable, pas dangereux).

Quelques mètres plus loin, nous avons eu l’honneur d’observer un pic épeiche, perché au sommet de sa branche, qui semblait poser dans les rayons du soleil. Si nous avions été encore plus chanceux, nous aurions pu observer le beau pic vert, ou les rares pics mar et noir, qui ont tous été vus dans le bois. Voir un pic nous permet de savoir qu’une forêt est d’une bonne qualité écologique, car cette famille d’oiseaux a besoin d’une grande quantité d’arbres anciens et morts pour prospérer. Ils y trouvent les larves qui les nourrissent, et y creusent des loges qui serviront ensuite à tout un cortège d’espèces, notamment des chouettes pour le pic noir !

La fin de la promenade a été marquée par la chasse (puis relâche) de papillons en prairie, et la découverte d’un champignon d’aspect extraordinaire, le « doigts du diable », Clathrus archeri. Venu d’Australie, il répand désormais son odeur nauséabonde en France, où il progresse chaque année. Cette odeur de cadavre est faite pour attirer les insectes nécrophages (« qui mangent la mort » littéralement). En le survolant, mouches et autres s’englueront légèrement dans une sorte de gélatine qui recouvre son corps, et récupèreront ainsi des spores qu’ils dissémineront dans l’atmosphère. Cette technique permet au champignon de se « déplacer », car les spores germeront à distance du pied initial.

 

Rendez-vous au printemps pour d’autres inventaires. En attendant, guettez la page Atlas de la biodiversité/actualités, nous y mettront les futures animations.

Pour aller plus loin :

Les personnes curieuses des insectes pourront aller sur ce blog d’un passionné : les pages entomologiques d'André Lequet : "les insectes autrement!" (insectes-net.fr)

Si les pics vous démangent, Piciformes | Zoom Nature (zoom-nature.fr)